La Route Napoléon
Explorer la Route Napoléon : Un voyage inoubliable à travers les Alpes du Sud
Découvrez la Route Napoléon, l'un des itinéraires les plus emblématiques de France ! Cette route de 325 kilomètres suit le trajet que Napoléon Bonaparte a pris lors de son retour de l'île d'Elbe en 1815, de Golfe-Juan sur la Côte d'Azur jusqu'à Grenoble dans les Alpes. Au fil des kilomètres, cette route vous invite à découvrir une riche histoire, des villages pittoresques, des paysages naturels spectaculaires et bien plus encore. Que vous soyez un passionné d'histoire, un amateur de nature ou simplement un voyageur curieux, la Route Napoléon est une expérience inoubliable qui vous conduira à travers certains des plus beaux paysages de France. Découvrez notre guide complet du passage de Napoléon sur notre territoire pour planifier votre prochain voyage !
Napoléon dans les Hautes-Alpes
Le 5 mars après avoir quitté Malijay, Napoléon se dirige vers Gap, but de sa prochaine étape. Vers midi, il déjeune à Sisteron. En début d’après midi, il entre dans les Hautes-Alpes et fait une première halte au Poët debant la maison du maire face à l’église.
Puis, il poursuit sa route jusqu’à Rourebeau sur la commune d’Upaix. Là une foule de 3 à 4 000 personnes l’attend réunie par le maire, César de Saint-Genus, resté fidèle à l’empereur. Napoléon répondit à l’accueil du maire par ces mots :
« Je connais le bon esprit des Dauphinois. Je suis tranquille depuis l’heure où j’ai mis le pied sur le territoire des Hautes-Alpes ».
Vers les dix-sept heures Napoléon reprit la route, s’arrêta un instant à l’auberge des Vivas à Vitrolles puis gagna La Saulce. En sortant de ce village il retrouva d’anciens militaires à l’auberge des Piles et les salua, puis il rejoignit Gap par la plaine de Lachaup.
C’est vers les dix heures du soir que Napoléon rentra dans Gap où il coucha à l’auberge Marchand. Là il reçut le maire et son conseil municipal. Le lendemain 6 mars, Napoléon eut un entretien avec le secrétaire général de la préfecture Pierre-Antoine Farnaud et rédigea sa proclamation aux habitants des Hautes et Basses Alpes.
En début d’après-midi, ce fut le départ pour Corps sa prochaine étape. Par le col Bayard et la vallée du Champsaur il gagna cette ville. A la Fare, village du Champsaur près de Saint-Bonnet, il fit une halte pour saluer le père d’un de ses grenadiers, un vieillard de 85 ans qui souhaitait voir l’empereur avant de mourir.
Le 7 mars Napoléon était à La Mure, puis fit face à Laffrey à un régiment royaliste. Là il dit : « Soldats ! Frères d’armes ! Je suis votre père l’Empereur de votre choix, tirez sur lui si vous avez le courage. »
Une ovation s’en suivit. Le soir Napoléon était à Grenoble, le 20 mars à Paris.
Vitrolles : L’auberge du Vivas
Il devait être environ 18 heures, la nuit était tombée, lorsque Napoléon s’arrête à l’auberge du Vivas sur la Commune de Vitrolles. L’auberge est la propriété d’Eugène, François, Auguste d’Arnaud de Vitrolles nommé baron par Napoléon en 1812 mais secrétaire d’Etat de Louis XVIII en 1815.
Le maire d’Upaix, César de Saint-Genis qui accompagne l’empereur lui fait remarquer qu’il traverse les terres d’un homme qui, tenant tout de sa bonté, avait contribué à sa perte par les moyens les plus indignes. Napoléon répondit :
« Je veux qu’il sache que je lui ai fait une petite visite. »
La Saulce
Après avoir quitté l’auberge du Vivas, Napoléon et son escorte traverse le village de La Saulce à la clarté des illuminations et au bruit des cris de Vive l’Empereur. A la sortie du village, la troupe s’engage dans le défilé étroit entre la rivière Durance et montagne.
A la sortie de ce passage dangereux, à l’auberge des Piles, au confluent du torrent Le Rousine avec la Durance, des habitants de Tallard, de Fouillouse, d’Urtis et d’autres villages ovationnent Napoléon et dansent la farandole autour d’un feu de joie.
De Tallard à la Tourronde
Logeant le torrent Le Rousine sur la commune de Tallard, Napoléon gagne le hameau de La Tourronde à l’entrée de Gap par la plaine de Lachaup où des habitants de Sigoyer, Pelleautier, Neffes et Châteauvieux l’acclament.
19 mars 1815 : Menace à Tallard
Le 19 mars, Tallard est menacé par le général Loverdo, commandant les troupes royalistes d’une contrainte militaire de 400 hommes si le bateau qui permet de traverser La Durance n’était pas coulé. Conseillé par Pierre-Antoine Farnaud, le conseil municipal de Tallard plongea en partie le bateau dans l’eau dans un recoin de la rivière peu fréquentée et soustrait au regard. Puis, d’anciennes cordes et agrès furent envoyées à Sisteron pour témoigner de l’exécution de l’ordre du général.
L'entrée dans Gap
Napoléon entre dans Gap par la porte Colombe, entrée sud de la ville. De là le cortège suit la rue Droite et s’avance jusqu’à la place Saint-Etienne puis l’auberge Marchand. Pierre-Antoine Farnaud, secrétaire général de la Préfecture décrit l’arrivée de Napoléon vers les dix heures du soir.
« Le cortège survient ; Bonaparte à cheval avec quelques-uns de ses généraux, couvert de son manteau, occupait le milieu de deux lignes que formaient ses soldats. C’était bien lui. D’ailleurs son petit chapeau à trois cornes n’était-il pas là pour m’affermir dans ma conviction. »
La proclamation aux habitants
C’est dans l’auberge Marchand, qu’avant de quitter Gap, Napoléon rédige la proclamation aux habitants des départements des Hautes et Basses Alpes :
"Citoyens,
J’ai été vivement touché de tous les sentiments que vous m’avez montrés.
Vos voeux seront exaucés. La cause de la Nation triomphera encore.
Vous avez raison de m’appeler votre père ; je ne vis que pour l’honneur et le bonheur de la France.
Mon retour dissipe toutes vos inquiétudes […]
Dans toutes les circonstances où je pourrai me trouver, je me rappellerai toujours avec un vif intérêt, tout ce que j’ai vu en traversant votre pays."
7 mars : 2 900 royalistes occupent Gap
A la première nouvelle du débarquement de Napoléon, 1800 royalistes Marseillais demandent l’autorisation au général Masséna, gouverneur militaire de Marseille, de partir pour barrer la route à Napoléon. Quand Masséna leur donna le signal de départ, la tentative se solda par un échec car ils atteignirent Sisteron après le passage de Napoléon.
Néanmoins, les volontaires marseillais poursuivirent leur route jusqu’à Gap voulant châtier Gap de son insolence et de sa témérité d’avoir accueilli Napoléon. L’effectif des troupes royalistes gonfla au fil des jours avec l’arrivée le 11 mars de 700 volontaires du Var et le 13 mars de 400 hommes de la garde nationale marseillaise. Le 14 mars, ils quittent Gap menacés par l’arrivée d’un corps de 1 800 hommes fidèles à Napoléon.
Les royalistes Marseillais occupent à nouveau Gap le 28 mars et en sont chassés le 31, encore le 3 avril mais mis en retraite le 4 avant la dernière expédition qui se terminera par la bataille des Piles à La Saulce le 7 avril.
Les aigles à l'entrée de Gap
Les aigles de l’entrée de Gap, érigés sur un piédestal, paraissent s’être posés ici pour signifier que l’on est bien sur la route Napoléon rappelant cette phrase de l’Empereur écrite à Golfe Juan le 1er Mars 1815 dans sa lettre A l’armée :
« L’Aigle avec les couleurs nationales volera de clochers en clochers jusqu’aux tours de Notre Dame ».
Ces aigles rendent hommage à Napoléon lorsqu’il décida le 9 octobre 1810, de créer un dépôt de mendicité dans l’ancienne caserne de la ville de Gap à l’abandon. Les aigles avaient été placés sur le portail de la caserne. On les voit sur une photo prise par Camille Rava, photographe à Gap, en septembre 1866 lors de l’inauguration de la statue du baron de Ladoucette.
En 1871, les deux aigles royaux qui étaient sur les piliers de la porte d’entrée de la cour de la caserne sont enlevés. Ils furent placés au Château Girard.
En mars 1887 la caserne vieille devint la caserne Desmichels du nom du général Louis Alexis Desmichels.
L'auberge Marchand
L’auberge Marchand où logèrent Napoléon et son état-major était la seule auberge un peu confortable de Gap. Elle était composée de deux maisons desservies par une étroit couloir. La maison à droite de l’entrée, à la façade colorée avec une fresque est la partie de la salle à manger au premier étage. Les chambres et celle où coucha l’empereur était dans la maison à gauche de l’entrée.
Cette maison, aujourd’hui du 17 rue de France, rue Porte Lignole en 1815, était l’auberge des époux Marchand Joseph et Jeanne Marie Charlotte où logèrent au XIXe siècle Stendhal (1806), Napoléon 1er (1815) et Adolphe Thiers (1822)
Le refuge Napoléon du Col de Manse
Le 15 avril 1821, à Longwood sur l’île de Saint-Hélène, Napoléon rédige son testament.
«Je lègue mon domaine privé, moitié aux officiers et soldats qui restent de l'armée française, qui ont combattu depuis 1792 à 1815 […] ; moitié aux villes et campagnes d'Alsace, de Lorraine, de Franche-Comté, de Bourgogne, de l'Ile-de-France, de Champagne, Forez, Dauphiné qui auraient souffert par l'une ou l'autre invasion.»
34 ans plus tard en 1855, ces quelques lignes sont interprétées par une commission nommée par Napoléon III. 26 départements dont les Hautes-Alpes correspondant aux régions citées par Napoléon Ier reçurent chacun 50 000 francs.
Le 19 août 1854, le préfet des Hautes-Alpes est informé de la décision de Napoléon III qui désire que soit réaliser une institution durable de bienfaisance qui perpétue au cœur des populations le religieux souvenir dont Napoléon Ierles a honorés.
Le 6 mai 1855, le journal Le Moniteur publie le choix du Conseil général des Hautes-Alpes :
« La somme sera provisoirement placée en rentes sur l’Etat et le revenu employé en bourses ou demi-bourses, en faveur d’aveugles et de sourds-muets pauvres du département. »
Le 25 août 1856, le legs n’ayant pu être qu’en partie attribué, le préfet des Hautes-Alpes Alexandre Le Peintre proposa au Conseil général la création sur les principaux cols du département, de maisons de secours qui porteraient l’inscription : Refuge Napoléon Legs de l’Empereur Napoléon Ier – Napoléon III Empereur.
Huit refuges étaient prévus. En 1858 six furent construits dont le refuge du col de Manse.
Au Musée Museum Départemental
Charles-Louis d’Abon
Cet ingénieur-militaire, colonel du génie en retraite, fut nommé par décret impérial de Napoléon, maire de Gap en 1813. Son portrait est conservé au Musée Muséum des Hautes-Alpes à Gap.
Le 5 mars 1815, lors du passage de Napoléon à Gap, Charles-Louis d’Abon, qui regardait l’expédition de Bonaparte «comme tout à fait aventurée», ne dissimulant pas que«tout ce monde courait à sa perte», n’accepta de rendre visite à Napoléon qu’à la troisième demande faite par le général Bertrand. Durant l’entretien Charles-Louis d’Abon et son conseil municipal évitèrent, en réponse aux questions posées par Napoléon, de se servir des qualificatifs de Sire, de Majesté, d’Empereur. Interrogé, par Napoléon, sur ce qu’il pensait de son retour, il aurait répondu « je crois qu'il est malheureux pour la France comme pour vous. »
Mais quelques jours après, il prit fait et cause pour Napoléon. «Louis XVIII sur le trône, il brûlait son encens à ses pieds, comme sans doute il l’avait fait sous l’Empire ; ce malheureux roi tombé, monsieur d’Abon se prosternait devant le nouveau soleil dans l’espérance que ses rayons darderaient sur lui.»écrivit le secrétaire du préfet Harmand.
Charles-Louis d’Abon démissionne de sa fonction de maire en octobre 1815.
Charles-François Ladoucette
En 1802, Napoléon Bonaparte, désigne comme préfet des Hautes-Alpes, un jeune administrateur de 29 ans, Charles-François Ladoucette. Nommé baron d’Empire, ce dernier occupe le poste jusqu’en 1809.
Dans l’entretien avec Pierre-Antoine Farnaud, le 6 mars 1815, Napoléon affirme «Le département lui doit beaucoup». Farnaud évoque l’Ecole centrale et le Muséum de Gap dans l’ancien grand séminaire, l’ouverture des routes du Montgenèvre et du col de Cabre ainsi que les découvertes archéologiques de la ville romaine de La Bâtie-Montsaléon. Et Napoléon de conclure : «Le caractère particulier de son administration fut l’utile et le merveilleux».
Une statue de Ladoucette, sculptée par Jean-Esprit Marcellin fut élevée à Gap le 23 septembre 1866.
Un bronze du préfet Ladoucette, réalisé par Eugène Louis Le Quesne est visible au Musée Muséum départemental des Hautes-Alpes.
Pierre-Antoine Farnaud
Le Secrétaire général de la Préfecture, Pierre-Antoine Farnaud, a le lundi 6 mars au matin un long entretien avec Napoléon. Ce dernier le questionne sur la ville de Gap et ses 7000 habitants, sur le département et ses 125 000 habitants. Tour à tour, sont évoqués la jeunesse qui contribue à faire de bons soldats et les militaires qui pourraient se voir gratifier d’un grade supérieur. Après l’industrie et le commerce, c’est l’agriculture qui intéresse le plus Napoléon. Farnaud lui dit qu’il faut encourager la création de digues, de pépinières et de canaux d’irrigation ainsi que l’entretien des chemins.
A la question «Qu’avez-vous obtenu de mon gouvernement ?» Farnaud répond des routes magnifiques, des ponts en pierre de taille, à Gap un dépôt de mendicité et à Embrun, une maison de détention.
Après le départ de Napoléon, Pierre-Antoine Farnaud fut nommé, le 6 mars, préfet par intérim.
Le fanion des tirailleurs corses
En quittant Gap, Napoléon laissa le fanion du bataillon des tirailleurs corses, formation levée dans l’île d’Elbe.
C’est un fanion en soie verte semée d’abeilles d’or et portant en son centre un cor doré.
Fabriqué à Naples, il porte une petite frange dorée sur trois côtés.
Ce fanion de 95 cm x 90 cm est conservée au Musée Muséum départemental à Gap.
C’est un don de la ville de Gap en 1910.
Anecdotes
Le rêve du préfet
Le 3 mars à la fin du déjeuner, le préfet Harmand apprend que Napoléon à débarqué.
Dans la nuit du 3 au 4 mars, le préfet fit un rêve épouvantable qui le teint en éveil une partie de la nuit.
«J’ai rêvé, dit-il, que j’étais dans un combat, luttant contre des gens qui ne faisaient aucun quartier. Bonaparte était avec eux ; m’ayant aperçu, il vole sur moi, portant un glaive à la main, moi j’étais armé d’un poignard. Nous avons couru l’un sur l’autre et nous nous sommes battus à outrance en nous terrassant et en nous roulant tantôt dessus, tantôt dessous lorsque ma femme réveillée par mes mouvements m’a tiré de ce rêve affreux».
Le feu de cheminée
Cet évènement est conté deux fois, l’un le 5 mars au soir, l’autre le 6 mars au matin, mais les faits restent de même nature quant à la réaction de Napoléon.
Un grand feu, allumé pour chauffer sa chambre, mit le feu à la cheminée. Sans perdre son sang-froid, Napoléon saisit un pistolet et par l’ouverture, tira un coup de feu. Sous l’effet de l’explosion, la suie enflammée tomba et le feu éteint presque instantanément.
Pour en savoir plus : ouvrages de Jean-Pierre Jaubert
1815 Napoléon dans les Hautes-Alpes - Des témoins racontent…
Le 3 mars à Gap, en la préfecture des Hautes-Alpes, la nouvelle du débarquement est connue et l’arrivée de l’Empereur est annoncée dans les Hautes-Alpes pour le 5 mars.
Huit témoins du passage de Napoléon ont relaté dans leurs mémoires ou dans d’autres écrits ce qui s’est passé les 5 et 6 mars 1815 dans lesHautes-Alpes.
Au fil des documents dans ce livre de 200 pages, le lecteur pourra se faire sa propre analyse de cette période des Cent jours.
Histoire des refuges Napoléon 1821-1858
Tout commence par ces lignes dans le testament de Napoléon Ier en 1821 : Je lègue mon domaine privé. Moitié aux villes et campagnes d’Alsace, de Lorraine, de Franche-Comté, de Bourgogne, de l’Île de France, de Champagne, Forez, Dauphiné qui auraient souffert par l’une ou l’autre invasion.
De leur interprétation en 1854, trente-cinq ans après, selon le souhait de Napoléon III, naît le legs de 50 000 francs au département des Hautes- Alpes. Napoléon III désirait qu’il soit consacré, à une institution durable de bienfaisance, qui perpétue au coeur des populations le religieux souvenir de Napoléon Ier.
Ainsi, les refuges Napoléon ont vu le jour. Huit annoncés, sept programmés et six réalisés honorent à la fois deux empereurs, l’oncle et le neveu, Napoléon Ier et Napoléon III.
Ces refuges sont dus à la détermination du préfet Alexandre Le Peintre qui sut imposer aux conseillers généraux et aux maires haut-alpins, une oeuvre plus visible pour la mémoire de Napoléon Ier et l’aura de Napoléon III, que les bourses pour jeunes aveugles et sourds-muets provisoirement choisies.
De documents en documents, de lettres en lettres, de rapports en rapports, le lecteur trouvera dans ce livre, le cheminement qui aboutit à la construction des refuges Napoléon dans le département des Hautes-Alpes en 1858, ouvrages qui doivent leur originalité à l’ingénieur des Ponts et Chaussées Marcel Houllier.
► Les ouvrages de M. Jaubert sont disponibles dans les librairies haut-alpines.
L'équipe de l'Office de Tourisme remercie Monsieur Jean-Pierre Jaubert pour son implication et la rédaction de notre rubrique sur Napoléon.